Slooooow
Pourquoi ralentir nous effraie-t-il autant ? Pire : pourquoi est-ce perçu comme un mal ?

Est-ce que vous visualisez le mouvement rond, doux et organique d’une platine vinyle ? À l’opposé d’un CD lancé façon centrifugeuse, ou de la froide instantanéité des plateformes, la musique semble s’écouler à sa vitesse naturelle. Nos agendas et journées de travail semblent suivre la même torsion technologique. Nous adoptons un tempo qui est rarement le nôtre, en quête de notre mélodie vitale.
J’écoute à cet instant l’album No Rush, de Tokyo Tea Room (♫), accord parfait pour terminer ce nouvel article, avec sa production chaude et étouffée. Pour les connaisseurs : une sorte de Metronomy plus branché CBD que rosé.
En réalité, cet article est le tout premier que j’ai écrit. Mais traiter de l’impossible équation du temps, obsession de tous les philosophes, était peut-être un peu abrupt pour un départ de course.
Notre quotidien nous pousse souvent à confondre vitesse et précipitation. Je n’ai ni de mauvais réflexes, ni l’impression d’être en retard dans l’accomplissement de ma vie. J’honore généralement mes engagements, mais le sens du timing oblige à autant de normes que d’incertitudes. Rien ne nous protège jamais de la fureur de l’urgence, ni de l’attente interminable d’un dénouement.
Pourquoi ralentir nous effraie-t-il autant ? Pire : pourquoi est-ce perçu comme un mal ? Quand une entreprise générant des milliards ralentit sa croissance (je dis bien : ralentit sa croissance), elle est immédiatement punie par la Bourse.
Ralentir sans partir à reculons, et même rêver d’être la tortue gagnante. Voici une nouvelle tentative de faire le tri entre ce qui relève de l’amélioration réelle de nos vie et ce qui n’est qu’illusion.
C’est l’histoire de votre rythme, face à celui du monde.
Bonne lecture.
